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Expeditions

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Jean-Charles Fortin

La vraie vérité c’est que personne, mais vraiment personne n’aura passé un plus beau dimanche que nous. Impossible. Strictement impossible. Mario m’avouera même du bout de la langue qu’il croit bien qu’il s’agit là de la plus belle journée d’expé que la Fondation ait connu depuis ses tous débuts en 1996. C’est bien pour dire! Je vous explique.

Le réveil à la Pointe-à-l’orignal fut marqué d’un ciel dénudé de nuages. Bleu comme les paquets de Belvédère que mon beau-frère fumait en 1983. Au sortir de la tente, on se voit caressés d’une douce brise chaude, enivrés d’effluves de bacon, bercés de l’hymne à la joie qu’entonnent bruants, pics, dur-becs, hirondelles et compagnie – contrairement aux corneilles du matin précédent. L’eau miroite d’ores et déjà une belle journée en perspective.

Le déjeuner du bûcheron englouti, on se fait un cri d’équipe qui effrayera un groupe de scouts qui voguait par là. De notre côté, on change les équipes de canots, on met à l’eau et Sara entonne M. Cannibale. Bertrand fait les « back vocals ». Bertrand, lorsque tu liras ce courriel, rappelles-toi que tu fais un excellent psycho-éducateur et qu’il est préférable que tu le demeures. Merci de votre compréhension.

Céline, la douce moitié d’Alain, nous fixe un rancart pour le midi. Elle nous attend dans une clairière où crapahutent une myriade papillons et valsent une assemblée générale de verges d’or. Grâce à Céline, nous auront droit à un excellent repas chaud, à un cola bien froid de même qu’à du yogourt et des fraises cueillies la veille. Du moins, les fraises, pas le yogourt.

En après-midi, le soleil plombe. Et on dirait bien que les jeunes ont décidé de l’imiter : ils ont du plomb dans les muscles. La vigueur s’efface devant le vent de face. Nous ne franchirons donc qu’un gros kilomètre et demi avant de nous arrêter sur une plage qu’il est convenu d’appeler la pointe-venteuse, donc la pointe-sans-beubittes, donc la pointe-du bonheur. Il est 14h et la journée de canot laisse place au volley-ball (les faucons battent les lynx 21-15), au football (Jenn, qui ne pèse probablement pas 100 livres, lance plus loin que JF), au ultimate freesbee, à la baignade, à la détente, à la contemplation de cette superbe partie de rivière, bref, au gros bonheur. En retrait, j’observe la scène.  Je me surprends à rire tout seul. Sans véritable raison. Je suis tout simplement trop heureux. Je ne peux pas sourire. Ce ne serait pas une expression assez forte de la joie qui m’envahit. Tant de beauté. Tant d’éclats de rires. Tant de bonnes vibrations. Nous sommes privilégiés. Dire qu’ils y a des gens qui sont pris pour écrire des blogues sur la politique étrangère américaine…

Pour clore la journée, de gros hamburgers sur pain grillé, un croissant de lune sublime et Martin qui sort sa baguette magique pour animer une partie de loup-garous, notre jeu fétiche. Une belle tranche de vie. La magie s’opère une fois de plus : alors que les jeunes assis autour du feu racontent qu’il s’agit d’une journée parfaite, des feux d’artifices jaillissent et colorent le ciel. Puis un autre et encore une autre. Sans que personne ne le sache, Alain s’était éclipsé après le repas. Céline lui avait refilé des munitions plus tôt dans la journée. La plus belle journée d’expé de l’histoire Fondation que je vous dis. C’est la vraie vérité